France : Refus du statut de réfugié politique à l’artiste camerounais Longue Longue

L’affaire Longue Longue illustre à quel point, derrière une décision administrative en apparence neutre, se cachent parfois des enjeux géopolitiques lourds et des risques humains considérables. Si la mobilisation ne s’intensifie pas dans les jours à venir, c’est peut-être un artiste entier qu’on s’apprête à livrer au silence.

Aug 13, 2025 - 02:35
 0  0
France : Refus du statut de réfugié politique à l’artiste camerounais Longue Longue

L'artiste camerounais Longuè Longuè, connu pour son engagement politique et ayant dénoncé le régime de Paul Biya, voit sa demande d'asile politique en France refusée. En conséquence, il a reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et doit quitter la France volontairement d'ici le 31 juillet 2025. Passé ce délai, une expulsion forcée vers le Cameroun est envisagée.

Longuè Longuè, surnommé "le libérateur du peuple camerounais", a subi des actes de torture dans son pays, exprimés notamment dans une vidéo devenue virale. Malgré cela, la justice française, dans un contexte de plus en plus strict envers les exilés, refuse de lui accorder le statut de réfugié politique. Cette situation le place dans une grande précarité, entre angoisse et incertitude, devant un retour probable dans un pays où sa sécurité n'est pas garantie.

Son cas met en lumière les tensions entre l'engagement politique, la quête de refuge en France (considérée comme la patrie des droits de l'homme) et la réalité administrative et juridique stricte du pays d'accueil.

Longuè Longuè est ainsi sommé de choisir entre partir volontairement ou subir l’humiliation d’une expulsion forcée, ce qui représente pour lui un tournant tragique alors qu'il a été un symbole de dénonciation politique et sociale au Cameroun.

Affaire Longue Longue : quand un refus d’asile pourrait se transformer en condamnation politique

Paris – L’annonce est tombée comme un couperet : les autorités françaises ont refusé d’accorder le statut de réfugié politique à l’artiste camerounais Longue Longue, connu pour ses chansons engagées et ses prises de position parfois tranchées contre le pouvoir de Yaoundé. Cette décision, qui implique pour lui de quitter le territoire français, pourrait bien, selon plusieurs observateurs, le mettre directement en danger dans son pays d’origine.

Un artiste au parcours tumultueux

Depuis ses débuts dans la musique, Longue Longue a su se faire remarquer par ses textes à forte charge sociale. Entre louanges au peuple et critiques à peine voilées du régime en place, ses prises de position lui ont valu autant d’admiration que d’ennemis. Ces dernières années, il avait multiplié les interventions médiatiques évoquant des pressions et des menaces sur sa personne, justifiant sa demande d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).

Une décision aux allures politiques

Si officiellement le refus s’appuie sur le manque de preuves tangibles de persécution au sens strict de la Convention de Genève, certains militants des droits de l’homme estiment que cette affaire dépasse le cadre juridique.
Pour eux, l’expulsion d’un opposant ou d’un artiste critique pourrait répondre à une logique de coopération politique entre Paris et Yaoundé, dans un contexte où les relations diplomatiques restent stratégiques pour les deux pays.

« Si Longue Longue est renvoyé au Cameroun, c’est le renvoyer dans la gueule du loup », alerte un membre de la diaspora camerounaise en France.

Risque de persécution et violation des conventions internationales

La Convention de Genève interdit le « refoulement » : le renvoi d’une personne vers un pays où elle risque la persécution. Or, plusieurs précédents en Afrique centrale montrent que des opposants ou artistes critiques ont été arrêtés, voire réduits au silence, peu après leur retour forcé.
Dans le cas de Longue Longue, le danger serait aggravé par la médiatisation de ses propos et par sa notoriété qui le rend difficile à « faire oublier ».

Un silence troublant des deux capitales

Du côté des gouvernements français et camerounais, aucune déclaration officielle ne laisse entendre une pression directe, mais l’absence de réponse claire entretient le doute. Certains analystes évoquent une stratégie discrète mais efficace : neutraliser une voix gênante à travers une décision administrative, tout en minimisant le bruit médiatique.

Mobilisation en gestation

Des associations de défense des droits humains et plusieurs figures de la diaspora envisagent déjà de :

  • Lancer des pétitions à destination de l’Élysée et du ministère de l’Intérieur
  • Organiser des rassemblements devant l’OFPRA et le Conseil d’État
  • Faire intervenir des artistes et personnalités médiatiques pour porter l’affaire sur la scène internationale

Un test pour l’image de la France

Si l’expulsion se confirme et que Longue Longue subit des représailles, la France pourrait être accusée d’avoir violé ses obligations internationales et d’avoir collaboré, même indirectement, à une persécution politique. Un scénario qui ternirait son image de patrie des droits de l’homme et pourrait déclencher une crise diplomatique.

What's Your Reaction?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow

AU237 - La Redaction AU237 tous les infos en temps réels