Eclairage sur les implications possibles de la stratégie de boycott ou de "coalition du non"

Voici un éclairage sur les implications possibles de la stratégie de boycott ou de "coalition du non" telle que suggérée dans le texte, au regard du contexte politique camerounais actuel et des expériences passées :
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Renforcement de la légitimité contestée du pouvoir en place : Historiquement, au Cameroun, les boycotts électoraux de l'opposition ont souvent joué en faveur du parti au pouvoir (RDPC). Par exemple, le boycott des législatives de 1992 et la présidentielle de 1997 ont permis au RDPC de consolider son contrôle en rassemblant une large majorité des voix exprimées. L'absence de l'opposition affaiblit sa visibilité et sa capacité d'influence institutionnelle, privant ses alliés d'un levier pour négocier ou contester à l'intérieur du système.
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Risques d'effacement politique de l'opposition : Le principal opposant Maurice Kamto, dont la candidature a été invalidée dans des conditions contestées, a déjà subi les conséquences d'un boycott des élections législatives et municipales en 2020. Ce choix a contribué à priver son mouvement du contrôle parlementaire nécessaire pour valider une candidature présidentielle, ce qui marginalise davantage l'opposition et renforce le caractère verrouillé du pouvoir en place.
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Mobilisation populaire et pression sociale : Le boycott pur et simple de la présidentielle, combiné à une mobilisation massive dans la rue comme le propose le texte, viserait à créer une crise politique majeure et à forcer une réforme du système électoral. Cela pourrait cependant entraîner une forte répression étatique, des arrestations et un durcissement des mesures sécuritaires, comme observé avant les scrutins récents.
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État de non-droit et défi sécuritaire : Le climat d’inégalités institutionnelles, de répression des opposants et de conflits dans les régions anglophones fragilise la stabilité politique et sociale globale. Le boycott et la contestation peuvent aggraver ces tensions, mais pourraient aussi constituer une forme de refus de légitimation du statu quo, avec des répercussions sur la crédibilité internationale du régime.
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Dilemme stratégique pour l’opposition : Boycotter pour ne pas cautionner une élection tronquée expose à l’oubli politique et à la marginalisation, tandis que participer peut renforcer une fictive légitimité du régime. Certains acteurs comme Maurice Kamto semblent évoluer vers une stratégie plus participative après leurs expériences passées, afin de rester présents dans le jeu politique malgré les obstacles.
En résumé, la "coalition du non" proposée vise à refuser de légitimer un scrutin perçu comme frauduleux par un boycott collectif accompagné d’une mobilisation dans la rue. Cette stratégie porte en elle des risques importants, notamment la marginalisation politique, la répression, et la consolidation temporaire du pouvoir en place. Toutefois, elle représente aussi une posture radicale de dénonciation et une tentative de forcer un changement institutionnel profond dans un contexte où les voies électorales sont verrouillées.
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